FINALEMENT, QU'EST-CE QUE L'ARROGANCE ?
Les hommes politiques se jettent souvent ce mot à la figure. Qu'est-ce que l'arrogance ? C'est un comportement psychologique fait de deux phases complémentaires:
un dédain de l'autre qui enferme celui qui parle dans le mépris et l'insulte par conviction. La conviction qu'il est un être supérieur. Cette morgue a pour objet de montrer coûte que coûte la valeur qu'il se donne. Mais, le comportement arrogant est un comportement extrême si bien qu'il détruit souvent ce qu'il veut afficher.
en effet c'est aussi une mise en scène infantile de soi due à une paranoïa très explicite : la croyance en sa propre supériorité s'accompagne de chimères. Victime de l'incompréhension d'autrui sur sa prétendue valeur, l'arrogant attaque volontiers les hommes avec lesquels il s'entretient sur des illusions. Il les assassine de son insolence en leur prêtant des arrière-pensées. On ne peut alors que remarquer que l'attaque est gratuite, souvent violente, toujours stérile.
Illustration. Les cas d'arrogance ne manquent pas devant nous. Sarkozy, évidemment. Fillon bien sûr. Mais prenons le plus bel exemple de l'échantillon politique.
Juppé, battu aux élections législatives, est un homme meurtri. La "dignité" que lui prêtèrent ses amis politiques sur le plateau des télévisions, hier, s'est transformée, dès ce matin en une amertume agressive fortement typique de sa nature arrogante. Je retranscris fidèlement la réaction de l'ex-ministre de l'écologie devant les journalistes :
"Ce que vous voulez, c'est que j'aille très, très mal, c'est cela qui vous exciterait. On sent une délectation amusante (... ) Si je pouvais crever, vous seriez contents"
Analysons les termes utilisés :
- Ceux de la phase 1 montrent un Juppé en proie à l'échec. Sa prétendue supériorité humaine l'empêche de dire sa souffrance et il va parler de ce qu'il ne veut pas dire : "que j'aille très très mal" / "je pouvais crever". L'orgueil atténue la réalité par l'emploi de l'hypothèse (si je pouvais crever). Si cette déclaration s'était arrêtée là, on aurait affaire à un homme orgueilleux qui souffre. Pas plus. Mais comme l'être supérieur est avant tout un être qui repousse les sentiments pour s'en tenir à l'intelligence des constats, il poursuit en affirmant "on sent une délectation...". Pure analyse de l'autre.
- Les termes de la phase 2 viennent alors compléter la souffrance évoquée. Et le mépris se double de la paranoïa du sujet. Les affirmations sont violentes pour l'altérité des journalistes, venus poser des questions sur la situation sensible d'un élu battu. Mais n'oublions pas que l'arrogant déteste les sentiments, il les rejette parce qu'ils sont signe de faiblesse. Il va alors utiliser l'attaque frontale et méprisante, une attaque centrée sur des chimères : "ce que vous voulez" / ce qui "vous exciterait" / "vous seriez contents". Les journalistes qui connaissent mal Juppé ont dû être étonnés de se voir attribuer une pensée comme celle-ci : si je pouvais crever, vous seriez contents ! Quel résultat cette communication incontrôlée peut-elle avoir? On se dit que Juppé, à fleur de peau, veut cacher sa sensibilité. C'est l'aigreur et la rancune qui remontent. On peut la comprendre, dans l'intimité, mais elle définit surtout, quand elle éclate en public, accompagnée d'un sourire, un caractère: celui qui pense sans cesse qu'il est supérieur aux autres ne peut penser une seule seconde qu'il peut, seul, être responsable d'un échec. L'arrogant fait parler l'autre à sa place. C'est enfantin et fort peu respectueux des citoyens.
Julie
Google, au boulot : Politique - Législatives 2007 - Définition de l'arrogance - comportement psychologique - paranoïa - si je pouvais crever vous seriez contents - Juppé - Sarkozy - Fillon