LA VIE CONTRE LA SURVIE (SLOGAN DE MAI 68)

Le thermomètre de Julie, vous le savez, est une sorte d'indicateur des tendances politico-machin-truc-de gens et d'idées que j'ai moi-même classé en hausse ou en baisse comme le font les journaux avec des flèches en haut et en bas pour que les gens se perdent pas, donc un machin un peu niais. Mais peut-on demander à un thermomètre d'inventer la lune? Interrogation purement sexuelle, s'il en est. Thermomètre, lune. Bref, j'ai du retard puisque ce thermomètre est censé être hebdo et que je suis feignasse. Allez, sans attendre, je vous annonce...

Le Thermomètre GOOD - OUST n° 57

ou comment on fait la révolution à Marseille

GOOD :

VERSAC (dont le blog est culte, comme chacun sait) pousse son coup de gueule contre les commémorations de Mai 68 : devantures des libraires, émissions télé, discours des anti et des pro, mimétisme décoratif des manifs de lycéens, tout est bon pour que Versac éructe. Et il le fait, en général très bien. Il exploite, d'ailleurs, une idée que j'ai déjà eu au coin de ma tête, là, vous voyez, c'est là le coin de ma tête : cette commémoration soixante-huitarde ressemble à une vieillerie qui permet à chacun de faire son dernier tour de piste. Versac l'écrit autrement: cette Génération veut encore imposer son petit magistère moral. Mais pitié, crions-nous, Versac et moi, pitié !  Et le blog se pare d'ailleurs d'un logo que je lui pique et qui dit ceci :

BERTRAND DELANOE et SEGOLENE ROYAL ont le vent en poupe. Alors que l'UMP a tendance à se déchirer intra Muros, les deux leaders du PS recueillent dans le baromètre IFOP - Paris Match des scores de popularité très enviables. Bertrand Delanoë, avec 78%, reste de loin la personnalité qui obtient le plus de bonnes opinions des Français, tandis que, pour la première fois depuis un an, Ségolène Royal bat Nicolas Sarkozy dans un duel de préférence. Dans ce palmarès, Sarkozy arrive péniblement à la 33e place !

OUST :

RENAUD MUSELIER (UMP) croyait qu'il serait élu sans problème Président de la Communauté Urbaine de Marseille. Mais ce fut Eugène Caselli (PS) qui l'emporta. 8 élus de droite ont fait dissidence et ont permis cette élection surprise. Muselier, paraît-il, ne décolère pas. Mais comment s'en prendre à ses "mauvais camarades de parti" lorsque l'exemple de l'ouverture vient d'en haut et que les lignes politiques depuis mai 2007 sont si floues que les carrières sont plus importantes que les idées? Muselier et les caciques du parti sarkozyste devraient peut-être se poser la question...

FRANCOIS HOLLANDE (PS) a un sérieux temps de retard sur ses coreligionnaires. Un retard en communication. Car il vient de décider d'ouvrir son blog !  Eh bien, il était temps. Moi qui attendais ça depuis le début de son secrétariat national, je suis émue comme une vierge qui se donne le doigt de jouir (il est pas mal mon jeu de mots, non? le doigt de jouir. Bon, j'ai essayé...). Bref, le François se dit que dans quelques mois, il aura le temps d'écrire des trucs, notamment des saloperies bien pensées sur son ex, on appelle ça aussi un programme politique majeur (majeur comme le doigt, bien sûr...). Enfin, majeur, on verra. Car le François, c'est pas un rapide : son blog qui démarrait le 14 avril est quasiment vide !

 Julie

Google, au boulot : Politique - François Hollande, son blog, ses trucs à dire - Renaud Muselier muselé par Eugène Caselli - UMP - PS - Delanoé - Royal - Sarkozy - Mai 68 - Versac

Comments

[David]

Hummmm, j'en frémi par avance !

Il faudrait songer à créer une série historique dont vous seriez le personnage principal, du type "Il était une fois ..." : Julie et la guerre du feu, Julie au temps des cathédrales, Julie aux heures de la Réforme, Julie au Grand Siècle, la Révolution de Julie, la vie de Julie sous la Restauration, Julie à la plage, Julie se rebiffe (ah, non c'est autre chose ça !).

Enfin bon, les événements les plus anciens peuvent vous échapper (l'aventure des taxis de la Marne, les détails de l'affaire Stavisky, les souvenirs de l'exode, ok, ok, ok), mais les événements de 1968 quand même ! C'était il y a seulement quarante ans !

Vous étiez du côté des CRS ou quoi ?

David

[julie]

David, un jour je raconterai comment mon corps brûlant a donné l'idée aux hommes des grottes d'inventer le feu !

[David]

Tout cela ne nous dit pas ce que faisait Julie en mai 1968 ! Bien sûr, elle n'était déjà plus étudiante, mais pour autant elle a dû participer à ce mouvement !

Julie, hâtez-vous de nous parler de votre période révolutionnaire. Dans un mois, il sera trop tard car la commémoration sera éteinte ! Allez Julie, soyez un peu dans l'actualité !

David

P.S : Dans un mois, la Julie nous racontera également comment elle a vécu le blocus de Berlin (par TSF interposée naturellement !). Quelle vie trépidante que celle de la Julie !

[julie]

Olivier, en fait, je suis gavée de ces réflexes de beaufs frileux qui commémorent pour montrer qu'un passé glorieux a existé au lieu de penser un avenir qui ait de la gueule. Commémorer devient une habitude fatigante, vide, mortifère. Occupons-nous de ce qui vit autour de nous au lieu de sacraliser nos gestes lointains !

[David]

Muselier voit se déliter son petit plan de carrière d'ambitieux. Selon ce plan, la Communauté Urbaine de Marseille devait être le premier acte d'une pièce dont le dénouement devait le voir succéder à Jean-Claude Gaudin à la Mairie de Marseille. L'ouverture, Muselier trouvait cela très bien lorsqu'elle se passait à Paris. Mais lorsque sa carrière est en jeu, il faut quand même revenir aux fondamentaux et aux choses sérieuses.

Muselier, comme Copé et bien d'autres, constituent l'archétype de l'ambitieux sans scrupules et sans doctrine, prêts à tout pour étancher leur soif d'honneurs et de pouvoir. Ils auraient tort de se gêner puisque cet état d'esprit a déjà permis de jolis succès électoraux. D'ailleurs, ils appellent les honneurs et le pouvoir ... la réussite ! Evidemment, il ne faut pas confondre l'honneur avec les honneurs, ces deux termes étant le plus souvent des contraires.

En ce qui concerne "Mai 68", je trouve amusant de voir le tapage commercial qui est fait autour de cette petite crise juvénile qui a causé les dommages collatéraux que l'on sait, notamment en matière d'autorité. Pauvres vétérans miteux de cette pantalonnade d'enfants gâtés ! Les voilà aujourd'hui qui s'adonnent au commerce, les voilà qui se livrent au capitalisme littéraire en essayant de vendre, qui son souvenir, qui sa réflexion rancie, qui son bilan ou son analyse boiteuse. Ces nouveaux mémorialistes se sont trompés à peu près sur tout depuis leur jeunesse. On ne peut cependant pas dire que cela ne leur a pas réussi (selon la définition que Muselier donne de ce terme). Ils habitent des appartements cossus dans des quartiers bourgeois, flanquent leur progéniture dans des écoles privées et fréquentent assidûment les soirées mondaines. Il en a coulé de l'encre sous leur pont, mais personne n'a encore trempé sa plume dans ce flot bouillonnant pour écrire la honte qui s'attachera durablement à ces générations débiles qui ont jouit sur le compte de leurs enfants. Et qui leur laissent la facture de leurs débauchent de fric, de frime, d'utopies et d'irresponsabilité. La génération de 68 me fait penser à une bête monstrueuse qui dévorerait ses enfants à leur naissance sous prétexte de les aimer. Au moins, le dragon de l'Apocalypse tentait de dévorer les enfants des autres !

Etonnant encore, ce Président de la République prétendument issu des rangs gaullistes, qui recevait il y a quelques jours celui qui, en 1968, urina sur la flamme et la tombe du soldat inconnu. Suffoquant, ce chef de l'Etat qui prétendait il y a un an encore qu'il fallait en finir avec l'esprit de mai 68 !

Il n'y a pas à dire : Sarkozy, Muselier et Copé portent la même marque de fabrique. Ils ont été frappés du même sceau !

David