DARCOS ET ALBANEL
Je réagis juste après l'annonce des titres du Journal de la mi-journée de France-Inter (midi) qui dit en substance :
Xavier Darcos (ministre de l'éducation nationale) annonce que la réforme de la seconde est ajournée d'un an et propose qu'un ré-examen de son projet soit désormais soumis à une (vraie) négociation. Il recule, alors qu'il y a, à peine 48h, il traitait par le mépris les manifestations et les blocages qui commençaient à naître dans les lycées.
Le projet de loi sur l'audiovisuel (suppression de la publicité, désormais acquise, + nomination des PDG des chaînes télé et des stations radio publiques par le chef de l'état), avance en revanche nettement, et elle devra être bouclée rapidement. Albanel doit être aux anges.
Deux annonces intéressantes et porteuses de commentaire :
Le Sarkozy Show (sous-titré "volontarisme et paillettes") s'intéresse davantage à l'état de l'audio-visuel puisque cela semble une priorité : on peut laisser les délaissés de l'éducation nationale dans la mouise encore un an, peu importe, pourvu qu'on puisse le plus rapidement possible influencer l'opinion publique par la reprise en main de France-Télévisions. N'oublions pas, comme l'a rappelé Noël Mamère à l'Assemblée, que l'objectif présidentiel est de préparer médiatiquement une ré-élection en 2012... de Nicolas Sarkozy.
Le Sarkozy Show (qui ne se cache pas de mépriser la culture et toute transmission du savoir) se fait tout petit devant l'agitation des écoles qui commençaient à poindre. N'oublions pas que le président de la République a une trouille monumentale des contestations de rue, qu'il suit avec angoisse le développement des émeutes en Grèce, et qu'il a été fortement marqué par la carrière de l'un de ses mentors, Edouard Balladur, lui-même traumatisé par Mai 68. Bref, Sarkozy écoute la rue plus qu'on pourrait s'en douter.
Alors que les manifs sur les lois Pécresse (qui naguère bloquaient les facs) avaient été balayées par une politique de pourrissement des revendications et n'avaient servi à rien, l'embryon de blocage de la réforme du lycée, en particulier de cette "seconde à la carte" vidée de toute ambition culturelle, a permis ce recul étonnant. Ah, ils sont fort les lycéens qui, à peine une poignée, ont suscité si rapidement le désaveu de Darcos !
Prenons un peu de recul pour rire, non pas des malheurs de ce gouvernement, mais de l'état de ce pouvoir en train de se re-composer. Comme un metteur en scène d'Hollywood qu'il croit être, Sarkozy pique une crise à chaque fois que ça va mal, c'est-à-dire que ses crises sont journalières en ce moment : Rachida Dati, Rama Yade, Xavier Darcos, deviennent des ministres inopérants, maladroits, inutiles. On flingue ici plus vertement qu'au PS. Plus hypocritement aussi, politique de cour oblige.
Bref, les reculades et les avancées se notent comme les mauvais et les
bons points d'une école malade d'avoir étouffé les talents de chacun.
C'est triste. Cela s'appelle le sarkozysme...
Julie
Google, au boulot : Gouvernement - Darcos - Albanel - Ajournement de la réforme des lycées - Réforme de l'audio-visuel - Dati - Yade - Sarkozy - Balladur - Emeutes en Grèce - Mai 68 - Mamère - PS