REMANIEMENT A TALONNETTES
Sarkozy a donc remanié son gouvernement. Fillon est toujours là, mais comme il n'existe pas, cela est quasiment inutile de le préciser. Passons au jeu du gagnant - perdant :
LES GAGNANTS :
Brice Hortefeux est soulagé, il va pouvoir essayer de se refaire une virginité démocratique au Ministère du Travail. Homme détesté, ministre à la fois fade et symbolique, ami intime du Président, donc de ce fait, courtisan sans épaisseur, il incarnait avec un masochisme contenu la médiatique puanteur de ses fonctions au Ministère de l'Emigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale. Naguère, c'était le Ministre de l'Intérieur, sorte de garde-chiourme sans état d'âme, qui servait de fer de lance des haines françaises : les Poniatovski et les Pasqua étaient les mal-aimés de l'aventure collective des gouvernements de la Ve République. Aujourd'hui, c'est ce poste ambigü qui focalise la détestation. Bref, Hortefeux, en changeant d'attribution, espère marcher sur les traces d'un grand destin. On le dit partant pour Matignon dans quelques mois. A condition que son opération virginale s'effectue bien. On peut cependant en douter. Les "effets de halo" sont durables et si l'on prend comme référence le "ministre détesté" que représentait naguère celui de l'Intérieur, aucun des ministres de l'intérieur n'est devenu premier ministre (les Sanguinetti, Deferre, Pasqua, Chevènement, Jean-Louis Debré... et Nicolas Sarkozy ont échoué à pouvoir représenter le premier ministre qui doit accompagné et incarné le sain bonheur du pouvoir, la confiance dont a besoin la représentation nationale. et le bon peuple Mais les étranges conceptions stratégiques de son chef peuvent le propulser à la place de Fillon, il ne faut jamais jurer de rien.
Eric Besson est le nouveau paon du gouvernement : on va parler de lui. En prenant la place du vilain Hortefeux, il est sûr d'entrer dans l'histoire du sarkozysme. Son atypisme devient écartèlement et son écartèlement illustre sa vraie nature. Revenons en arrière. Lors de la campagne présidentielle, Besson était inconnu et brûlait de ne plus l'être longtemps. Je suis persuadée que son virage de traître fut seulement dû à une ambition sans atermoiement. Passé du camp Royal au camp Sarkozy, il est aujourd'hui prêt à faire carrière au sein de l'UMP. Prenons les paris que dans quelques semaines il aura sa carte. Sa trajectoire est celle d'un homme flatté, d'un servile qui a cassé les miroirs pour ne pas voir sa bassesse grandir... et devenir Hortefeux. Et à la célèbre phrase de Ségolène Royal "Qui connaît monsieur Besson?", les français auront tout le loisir de répondre en coeur : Besson? C'est pas celui qui est devenu Hortefeux?
Fadella Amara doit faire péter le champagne ce soir. Elle a enfin quitté la Boutin. Et ça, ça se fête. La "ni pute ni soumise" ne pouvait pas supporter la brandisseuse de Bible, c'était bien connu. Supportera-t-elle mieux Hortefeux sous l'autorité duquel elle va désormais bosser?
LES PERDANTS :
Christine Boutin, dont un conseiller du Roi Nicolas clame dans tout Paris "qu'elle a fait connerie sur connerie au logement", la Boutin, donc, maigrit a vue d'œil (comme Bachelot d'ailleurs, qui perd un morceau de jambon - Madrange - du pauvre Laporte). Nadine Morano fait la gueule car son patron vient de changer : elle aimait Xavier Bertrand, elle déteste Brice Hortefeux. Et puis Nathalie Kosciusko-Morizet est sur une voie de garage, une voix qui correspond peu à ses réelles compétences. Bref, les femmes ne sont pas à la noce dans ce mini-remaniement.
LES SUPER - PERDANTS :
Ce sont ceux qui ne sont pas entrés. Frédéric Lefebvre espérait le poste de Besson mais après son aveu d'incompédence sur le web 2.0, Sarkozy a vu clair, pour une fois. On avait aussi parlé, pour cette même fonction de Bruno Retaillau, proche du président du Mouvement pour la France Philippe de Villiers,
Ce sont aussi ceux (ou plutôt celles) qui sont restés... pour une mauvaise raison : les cas Rama Yade et Rachida Dati sont des épines dans la talonnette du président. L'une a du franc-parler, l'autre a un bébé people à montrer à la foule. On les éjectera plus tard. Le dossier des Elections Européennes devraient permettre le coup de talonnette qui vire.
Voici, mes chéri(e)s, comment je vois ce non-événement. Rien de palpitant, rien de particulièrement habile, rien de savamment politique. Un jeu de courtisanerie aux relents très... psychologiques.
Julie
Google, au boulot : Présidence de la République - Gouvernement Fillon - Remaniement de janvier 2009 - Brice Hortefeux - Xavier Bertrand - Eric Besson - Nathalie Kosciusko-Morizet - Fadella Amara - Rachida Dati - Rama Yade - Bruno Retillau - Frédéric Lefebvre - Philippe de Villiers - talonnettes