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coming ouSt
29 janvier 2009

GREVE DU 29 JANVIER : COMBATS ET DESESPOIRS

engreve

S'inquiéter, pleurer, rire, se venger.
Ces quatre postures peuvent évidemment résumer l'état d'esprit des français au moment où la crise sévit, au moment où l'on mesure à quelle point le pouvoir élu - dont l'interventionnisme, pourtant, n'a jamais été aussi patent - est incompétent, au moment où règne une précarité flagrante, au moment où les injustices se creusent, au moment où faire ses courses devient un problème pour la moindre famille statistiquement comptabilisée dans ce vaste magma qu'on nomme les classes moyennes, au moment où la confiance dans ce capitalisme bon-enfant qui régissait nos réflexes s'écroule, au moment où se délitent toutes les autres valeurs d'une république qui, peu ou prou, défend la parole de chacun dans l'espace de tous (en vrac la solidarité du bistrot, l'espoir que l'ascenseur social s'arrête à votre palier, l'impertinence des contre-pouvoirs ou l'exemplarité de l'intelligence et de la culture). Oui, on peut résumer cela ainsi.
Je le crois, ces quatre postures expliquent une grève générale, fourre-tout mais symbolique, qui, d'après ce que l'on peut dire ce soir, a mis dans la rue plus de 2 millions de français (et de très nombreux salariés du privé).

S'inquiéter si l'on est sensible à la destruction de qui faisait, à tort ou à raison, la fierté d'un pays comme le notre qui aime la sécurité autant que le confort : nos services publics deviennent des guichets inhumains aux perspectives purement rentables.

Pleurer si l'on est au chômage, pleurer si l'on pense que la crise va durer, va accentuer les petits comptes du quotidien. Je pense à cet homme pourtant salarié, sans problème majeur, qui, devant moi, m'avouait hier, qu'il préparait tous les jours un petit tas de pièces : son budget pour manger : 4 euros par jour, je ne peux pas dépenser plus, disait-il en baissant la tête...

Rire, si l'on pense avec quel aplomb, avec quel mépris, avec quelle absence de sagacité, avec quelle immaturité politique, le président de la République actuel s'embourbe dans les contradictions qui ont toujours été les siennes. On rit, évidemment, si l'on ne fait que juger.

Se venger aussi. Car les 70% de français qui ont affirmé, dans les sondages, être totalement solidaires de la grève d'aujourd'hui, pourraient devenir le ferment d'une instabilité sociale, d'un désir d'en découdre, d'une violence larvée. Il ne faut jamais méconnaître le désespoir des hommes qui sont à bout.

A bout d'un système ? Sans doute.  Par un enfermement malsain dans sa victoire stratégique et politicienne  de 2007 et par l'incurie de ses analyses, Sarkozy semble le premier président à ne pas comprendre la France, le peuple, ses espoirs et ses désespoirs. Pire, il ne sait pas lui parler. Cette grève réussie mais inquiétante est le symptôme d'une maladie : la rupture. Je ne veux pas parler de la fameuse "rupture sarkozyste" portée comme un étendard, ce slogan de campagne qu'on juge aujourd'hui bien creux, je veux dire que se fonde une rupture profonde et existentielle avec les donneurs de solutions. Il est toujours très grave de ne plus savoir espérer.

insolite_218 Julie

Google, au boulot : Grève générale du 29 janvier 2007 - crise - état d'esprit des français - Sarkozysme - la rupture du désespoir

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Commentaires
D
Chère Lux, vous êtes bien indulgente avec moi. Mes logorrhées sont bien lourdes à côté de la fraîcheur et de la sincérité de vos réflexions.<br /> <br /> Oubliez ici votre timidité, qui non seulement n'a pas lieu d'être, mais qui nous prive de l'intérêt et du plaisir de vous lire plus souvent. Ne soyez pas décontenancée par mon apparente mauvaise humeur, ni par mes virulences. Julie pourra vous dire que j'aboie beaucoup mais que je ne mords pas. <br /> <br /> Dans l'attente de vous lire,<br /> <br /> David
L
Vous me flattez David, mais je me sens bien petite dans ce blog. Savez vous que vos écrits sont à la fois passionnants denses et assez intimidants? Il n'y a bien que Julie pour pouvoir maintenir, à ce niveau, la rigueur des échanges!
D
Bon, je l'admets. Je ne suis pas toujours gentil avec vous Julie. Et même, j'exagère souvent vous concernant. Vous êtes adorable et vous me supportez avec une patience extraordinaire. Je tiens ici à vous rendre hommage pour cette patience.<br /> <br /> Autant l'avouer, j'accentue toujours le trait vous concernant, par une sorte de tendresse amicale et de taquinerie gratuite, dont personne n'est dupe. Je sais bien que vous n'êtes pas vraiment une gauchiste, en tout cas pas dans le sens où je l'entends ! Et ce que vous dites plus haut de vous-même me paraît très juste.<br /> <br /> Voilà. J'éprouvais quelques scrupules à ne pas le préciser.<br /> <br /> Je tenais également à saluer la position et les commentaires de Lux77, que j'ai trouvés tout à fait intéressants. Lux devrait écrire plus souvent !<br /> <br /> Ah, ce blog est une bien belle initiative ! Merci Julie !<br /> <br /> David
D
Julie ! Vous n'avez pas le droit ! Vous balader presque nue sur votre blog ! Enfin ! Mais il y a du monde ici ! Passez au moins une culotte ! Je serais désolé de devoir vous montrer la vigueur d'un homme de droite en train de réprimer l'émeute que votre état aura créé ! L'on criera à la bavure sur Coming OuSt !<br /> <br /> Sur des questions plus accessoires, je dirai que je n'ai personnellement aucun problème avec les masses, qui sont généralement silencieuses. Dans le cas qui nous occupe, à admettre que 2 millions de personnes se soient trouvés dans les rues le 29 janvier (soyons clair, je suis généreux sur le chiffre, uniquement parce que vous ne portez pas de culotte !), les masses que vous évoquez demeurent du côté des 58 millions de personnes qui n'ont pas bougé.<br /> <br /> Ceci dit, et notamment pour cette raison, je ne crois pas que les grandes entreprises soient accomplies à l'initiative des masses, mais d'une élite, capable d'entraîner, non des masses, mais des hommes déterminés dans son sillage.<br /> <br /> Et une Julie sans culotte peut fort bien avoir le pouvoir d'une telle élite ! Si, si, je vous assure !<br /> <br /> Allez Julie, c'est décidé, je prends ma carte Monoprix !<br /> <br /> David
J
Cher David, que répondre à votre avis documenté? Sinon que je ne me vois pas comme une militante (je n'ai aucune carte, ni celle d'un syndicat ni celle d'un parti, ah si, j'ai la carte de fidélité Monoprix), que la grève ne gêne pas ma nature désordonnée, que j'essaie de ne jamais juger l'autre à l'aune du déplaisir qu'il me procure, que j'ai même une certaine attirance pour la chienlit, la colère ou le ressentiment, que la passion me passionne, que je suis attentive au verbe et aux images souvent très esthétiques d'un Oncle Anatole, en fin de banquet, fourbu d'ivresse, et qui profite d'elle pour asséner des jugements politiques de première grandeur, et, pour terminer, que je m'applique fort peu le qualificatif de "gauchiste", sachant que le suffixe "iste" sert à désigner celui ou celle qui s'adonne à un métier ou à une idéologie : je me trouve bien trop ondoyante pour être fixée ainsi. Ai-je tort? je ne sais. En revanche, il est vrai que j'ai éprouvé, en vous lisant, le saisissement étonné de qui assiste à un débordement extrême (pourquoi une réaction si vive devant l'inconfort, l'insécurité, le cri des masses?). J'ai bien ma petite idée, mais... cela nous entraînerait bien loin.<br /> Quant à ma culotte, ah, tiens, où avais-je la tête ce matin? eh bien je n'en ai pas. Je suis quasiment nue...
coming ouSt
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