CHIRAC OU LE DERNIER MONARQUE REPUBLICAIN
Chirac. 20 heures. Drapeau étoilé européen, drapeau français. Aucune surprise dans le discours vide qu'il prononce. Des valeurs : on dirait du Ségolène Royal. Oui royal comme le monarque républicain qu'il était, Second Mitterrand. De la politique sans affect, sans heurt dommageable. Peu de "je", pas de bilan personnel, un message consensuel sur la nation et la fierté de servir la France. Pas de pique anti-sarkozyste subliminale. Un "nous" rassurant. Une politique d'un autre temps diront certains. En tout cas une politique habitée par la passion des gens, par le goût d'être à l'unisson des contradictions françaises.
Chirac fut un président médiocre. Mitterrand le fut aussi. Finalement il faut remonter à De Gaulle pour frissonner et se construire. Mais Chirac gardait en son coeur l'image d'une France cultivée et sage. Sans doute on le sentait sans qu'il le dise. Une culture étrange, assez orientale, assez "art premier". Si on lui demandait ce qui pouvait l'unir à la France, il répondait sa "diversité". Ce mot est apparu ce soir dans cette courte allocution.
J'aime les hommes de culture. Car ce sont des êtres qui se savent fragiles. Qui doutent. Voir ce que dit Pierre Péan sur l'étrange capacité de Jacques Chirac à se dénigrer! J'aime assez peu les tacticiens et les marchands. Chirac s'est planté : bravo, Chirac n'a pas toujours été honnête, bravo. Chirac a fait des conneries, bravo! Comme chacun d'entre nous, comme un homme poursuivi par l'image qu'il s'était forgé de lui-même. Il avait une audace de jeune premier de cinéma : heureux d'être aimé, heureux de flatter le cul des vaches et la pogne de l'électeur, heureux d'être en contact. Ce n'est pas lui qui aurait foutu son cul sur un yacht au lendemain d'une élection. Trop dans le plaisir du lien, dans le mouvement, même si le pouvoir donne des taloches de plâtre pour immobiliser les statues... Moi j'aimais bien Chirac.
Les lecteurs de ce blog ne comprennent peut-être rien. Quoi, la Julie frondeuse, cette petite peste de gauche qui n'a jamais dit du mal de Cohn-Bendit et qui vomit Nicolas Sarkozy, elle a fumé tant d'herbe qu'elle nous pond un dithyrambe sur Chirac! Qu'on la pique!
Ah oui, je suis une vache folle de Chirac. La seule ce soir qui, échappée d'un salon de l'agriculture (et dans "agriculture", il y a culture) le regarde avec des grands yeux émus. Des yeux qui préfèrent le grand nerveux qui boit une Corona en lisant le moine Ryokan, dans ses habits ennuyeux et ridicules de Louis XIV républicain, au petit nerveux dont la tête ne peut tourner que parce que, inculte et tacticien, il veut marquer de son empreinte de marchand une France qui aime un troc plus salvateur...
Ne faîtes pas attention, je dis des conneries (vous avez remarqué, c'est mon nouveau jingle). Bin, je me méfie. On dit que le Sarko note sur son petit calepin les opposants méchants. Ou les opposantes. Bonne nuit. Demain, la France d'Après...
Julie
Google, au boulot : Jacques Chirac - monarque républicain - Nicolas Sarkozy