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21 août 2007

L'EMOTION CONDUIT A LA LOI

Non, décidément je n'arrive pas à me faire à cette frénésie présidentielle de prendre tout à bras le corps, à ce pouvoir auto-centré et médiatisé de parvenu. Voilà donc un nouvel exemple du délire décisionnel du chef de l'état  à propos de l'affaire Evrard.

Il a donc suffit d'un fait divers pédophile pour imaginer qu'il faut changer la loi. La dernière loi sur la récidive des crimes - et donc des crimes pédophiles - date d'à peine 10 jours (loi Dati) ! Or il faut la durcir disait Sarkozy hier, dans sa volonté de répondre à chaud au désarroi d'un père reçu à l'Elysée. Les réactions sarkozystes sont tellement marquées par le besoin d'agir, par le besoin de guérir instantanément les maux de la nation qu'il expertise seul, qu'il ne prend pas le temps de penser les équilibres législatifs, et qu'il va même jusqu'à parler en journaliste, commentant le fait divers comme un pisse-copie, citant la marque du Viagra incriminé, ne se doutant pas qu'un peu de réserve ne fait pas de mal à celui qui prend métier de conduire le destin d'un pays. Il en vient naturellement à être un peu ridicule, mais il ne s'aperçoit de rien. Sur le fond, les questions qu'il pose ne sont peut-être pas les mauvaises mais la méthode est digne d'un chef de village.  Je suis toujours atterrée de voir que l'urgence commande le besoin de la loi. Les injustices et les ségrégations naissent souvent d'un empilement de textes qui corrigent à l'infini selon l'actualité. La cohérence n'y gagne jamais, et en matière de justice il semble gravissime de tourner le dos à la sagesse.

Mais de sagesse il n'en est point dans l'attitude d'un chef de l'état qui prend le micro pour faire grossir l'émotion des français, il s'agit juste d'un peu de publicité opportune pour une action réactive. Concernant l'incapacité à se saisir d'une réserve de sage, Audiard avait glissé une phrase merveilleuse dans l'un de ses dialogues : Les cons ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît.


PS : une déclaration estivale de Nicolas Sarkozy illustre bien, à mon sens, la phrase audiardienne. Elle n'a aucun caractère politique mais elle montre à quel point quand on ose on ose : Mon épouse (Cécilia Sarkozy) a contracté une angine blanche (vous savez le joli prétexte de l'angine blanche!) : "Le pire, c'est que c'est moi qui la lui ai passée" avait ajouté l'époux bactérien! Moi je vais appeler Rachida Dati pour qu'elle propose vite fait un texte de loi contre la récidive des déclarations ridicules du chef de l'état.

insolite_218 Julie

Google, au boulot : Présidence de la République - Nicolas Sarkozy chef de village - Fait divers pédophile - loi Dati - Cécilia Sarkozy - Michel Audiard - angine blanche - Les cons ça osent tout - Le pire c'est que c'est moi qui la lui ai passée

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Commentaires
D
Julie, en ces temps difficiles, vous seriez gentille (mais en êtes vous capable ?) de ne pas profiter de votre confortable position d'opposante, pour émettre des allusions culpabilisantes du type :<br /> <br /> "Je suis de plus en plus contente d'avoir voté Royal, moi…"<br /> <br /> Pour ma part, je ne regrette pas un instant de ne pas avoir voté pour Ségolène Royal, qui aurait précipité le pays dans une situation bien plus catastrophique et qui était inapte à gouverner. En revanche, je regrette de ne pas m'être abstenu comme je le faisais d'habitude.<br /> <br /> Voilà qui m'apprendra à accorder ma confiance aux créatures de l'UMP, qui décidément ne changent pas.<br /> <br /> David
D
A GM (2) :<br /> <br /> Dieu "créant la réalité par la parole" : de quelques incohérences apparentes.<br /> <br /> Qu'est ce que "la réalité", sinon le monde ou la création ? C'est en lisant la Genèse, qu'est née l'image d'un Dieu à la parole créatrice, puisqu'on y découvre littéralement ceci :<br /> <br /> "Dieu dit : "Que la lumière soit" et la lumière fut. (…)".<br /> <br /> Littéralement, c'est donc par la parole que Dieu crée. Or ceci s'accorde assez peu avec la conception d'un Dieu incorporel, mais plutôt avec cette vision anthropomorphique de la divinité raillée par Augustin d'Hippone (voir plus haut). En effet, seuls les hommes, c'est-à-dire des créatures, sont dotés de la parole. Seuls ceux-ci sont capables d'articuler des sons et de les ordonner pour communiquer leur pensée. Dieu n'en a nul besoin. Si Dieu doit user éventuellement de la parole pour se faire entendre des hommes, on ne comprend pas bien pourquoi il utiliserait la parole pour créer (et ceu, bien avant l'existence des hommes si l'on se réfère à l'ordre de la création). Et si l'image d'un Dieu qui crée par la parole est purement allégorique, il n'est pas possible d'affirmer que "Dieu crée la réalité par la parole".<br /> <br /> Une deuxième incohérence surgit si l'on se réfère à la doctrine officielle de l'Eglise catholique qui affirme que "la création n'est pas (…) une émanation nécessaire de la substance divine" (in Catéchisme de l'Eglise catholique, 296, Libreria Editrice Vaticana, 1997). En effet, la création n'est pas une émanation de la divinité. Elle n'est pas une partie d'elle-même, sans quoi elle serait de même nature, c'est-à-dire divine. Dieu n'a pas créé le monde à partir de sa propre substance. Or, l'image de Dieu créateur par la parole véhicule une vision de la création comparable à une émanation personnelle (c'est-à-dire de la personne) de la divinité. Et comme décidément rien n'est simple pour les catholiques, il est également affirmé que la création est tirée du néant et non d'une matière préexistante (car il s'agirait là d'un acte du ressort des causes secondes, alors que l'acte de création prêté à Dieu est de l'ordre de la cause première : créer sans utiliser de matière préexistante).<br /> <br /> A ma connaissance, le Catéchisme de l'Eglise catholique s'abstient de définir le modus operandi divin en ce qui concerne la création. Il qualifie cette opération de "mystère" ou de "divin mystère". L'Eglise catholique ne semble donc pas avoir officiellement repris la vision, selon moi "anthropomorphique", de la création par la parole. Le récit biblique de la formation de l'homme et de la femme est également d'ordre anthropomorphique, sauf à y voir une allégorie (Yahvé "modela l'homme avec la glaise du sol"). Là, nous imaginons tout à fait Dieu, "saisissant de ses mains" de la glaise pour modeler le premier homme (la Julie n'étant pas encore matérialisée à ce stade). Bref, nous sommes assez loin de l'affirmation de Thomas d'Aquin selon laquelle : "Dieu n'est pas un corps".<br /> <br /> Augustin d'Hippone, plus conciliant avec les Anthropomorphites qu'avec les Manichéens, semble conclure au caractère allégorique de ces visions, destinées selon lui à des "enfants" : "Comme terme de comparaison, je prendrai plutôt nos enfants, qui ne voient encore que par les yeux du corps. Pour leur donner une faible idée de Dieu, on se sert devant eux d'allégories tirées le plus souvent de la conformation de notre corps; qu'on leur parle donc des yeux de Dieu, des oreilles de Dieu, aussitôt, donnant libre carrière à leur imagination, ils se représentent Dieu sous la forme du corps humain." (in "Réfutation de l'Epître manichéenne" Op. cit.).<br /> <br /> Si nous poursuivons la lecture de la Genèse, nous butons vite sur une autre contradiction apparente entre le texte et la doctrine catholique. Il est écrit : "Dieu dit "Que la lumière soit" et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne (…)".<br /> Il semble ici que Dieu ait attendu de créer pour estimer que sa création était bonne. Si l'on s'en tient au texte, il est manifeste qu'en réalisant l'acte créateur, il n'était pas assuré de son résultat. Une fois l'acte accompli, il juge que le résultat est bon (c'est-à-dire conforme à ses attentes). Il en sera de même lors de la création de la terre, de la mer, des arbres, du grand luminaire (le soleil) et du petit luminaire (la lune). De même encore pour la création des "monstres marins" et des "bêtes sauvages". Nous sommes ici assez loin de la perfection et de la prescience prêtées à Dieu, notamment par l'Eglise catholique, dont plusieurs saints docteurs ont affirmé que la création (donc les créatures) préexistaient de manière idéale et de toute éternité dans l'intelligence divine, avant même que celui-ci accomplisse l'acte créateur.<br /> <br /> A vous, cher GM, d'utiliser vos lumières et vos connaissances pour résoudre cette aporie !<br /> <br /> David
D
A GM :<br /> <br /> Dans le parallèle (douteux) que j'établissais entre Dieu et Sarkozy, je faisais référence à la puissance créatrice de Dieu dont, disais-je, la parole est capable de créer la matière et conséquemment de produire … la création.<br /> <br /> Mon propos est pour le moins irrévérent car il est inconvenant de comparer un homme à Dieu. Certes ma comparaison ravale moins Dieu à un homme que Sarkozy à un Dieu. Mais le lien établi ici entre Dieu et Sarkozy révèle une vision anthropomorphique de Dieu, nettement rejetée par les auteurs du Moyen Âge, et partiellement condamnée à travers l'hérésie des Vadiens (ou Anthropomorphites). Si Epiphane considère ceux-ci comme simplement schismatiques, Augustin d'Hippone les range parmi les hérétiques (même s'il les considère moins coupables que les Manichéens) et, à sa suite Thomas d'Aquin les qualifiera très clairement d'hérétiques (Somme contre les Gentils : I, 20 : Dieu n'est pas un corps).<br /> <br /> Augustin d'Hippone écrivait : "Je me raille avec vous de ces hommes charnels, qui n'ont aucune idée des choses spirituelles, et qui donnent à Dieu une forme humaine." (in "Réfutation de l'Epître manichéenne" : Chap. 23 / Les Anthropomorphites moins coupables que les Manichéens).<br /> <br /> Dans le Sermon CCLXXVII, Augustin affirme nettement : "Sois-en bien sûr, Dieu n'est pas un corps."<br /> <br /> Thomas d'Aquin me paraît en accord avec Augustin lorsqu'il écrit : "L'autorité divine s'accorde avec cette vérité démontrée. Il est dit en effet dans Jean 4 (v. 24) : Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent doivent l'adorer en esprit et en vérité. Et dans la première lettre à Timothée, 1 (v. 17) : Au roi des siècles, immortel, invisible, au Dieu unique ; et dans la Lettre aux Romains, 1 (v. 20) : Les œuvres de Dieu rendent visibles à l'intellect ses perfections invisibles. Ce qui est contemplé non par la vue, mais par l'intellect, est incorporel." (in "Somme contre les Gentils" 1, 20 : Dieu n'est pas un corps).<br /> <br /> Ainsi, si l'on se réfère à l'hérésie anthropomorphite et si l'on s'en remet à l'autorité doctrinale des auteurs susmentionnés, il est hérétique, ou tout au moins gravement inconvenant, de comparer Dieu à Sarkozy, dans la mesure où ce rapprochement tend à donner, au moins indirectement, une vision corporelle et/ou anthropomorphique de Dieu.<br /> <br /> David<br /> <br /> <br /> P.S : Mais, mon cher GM, ne dit-on pas par ailleurs que Dieu a fait l'homme à son image ? Aïe, Aïe, Aïe ! Mais qu'est ce que "l'image d'un esprit" ou d'une autorité incorporelle ? A vous de me le dire ! Chacun son tour !
J
A David : juste une précision sur ""Il y a 20 ans que l'émoton publique remplace la pensée législative"", un bémol : c'était au temps où Mitterrand orchestrait la partition élyséenne. Nul doute que le vieux savait se jouer des médias et des attentes populaires. Mais quel brio en comparaison du petit agité de Neuilly ! Je me souviens pourtant (j'étais jeune et belle) que mon malaise était grand lorsque Mitterrand s'était bizarrement associé, sous le coup de l'émotion publique, au défilé de protestation après la profanation du cimetière de Carpentras. Je me disais à cette époque que la responsabilité de l'état ne se grandissait pas dans cette affaire trop médiatisée. Et maintenant, un pauvre homme pète un peu trop fort et Sarkozy est à son chevet! Quand je vous disais que nous sommes dans le règne des berlusconneries ! Je suis de plus en plus contente d'avoir voté Royal, moi...<br /> A GM : je sais vos péoccupations libertaires concernant la prostitution. Vous savez aussi que j'ai du mal à me positionner là-dessus. Mais je connais pas mal de gens de gauche qui affirme sans problème qu'il sont pour la réouverture des maisons closes. Une jolie forme d'auto-gestion, la maison close, non?
G
David> Le point que vous évoquez, la parole performative de Dieu, qui crée la réalité par la parole, ne me parait pas hérétique. Alors que vous semblez affirmé que cela l'est, en toute bonne théologie. <br /> Des précisions ?
coming ouSt
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