LE GIGOT DE TANTE THERESE

Nous avons tous notre Tante Thérèse. La mienne se prénommait Anna et était une cuisinière hors-pair. Elle m'a transmis ses livres. Ils dorment dans les tiroirs de la maison. Il ne faut pas réveiller nos morts...  En ce jour de 11 novembre, je ne sais pourquoi, il me vient  l'idée étrange (!) de feuilleter le volume du Journal de Léautaud rangé comme un poilu éventré sur le rayonnage de ma bibliothèque. J'y trouve  au 11 novembre 1954 cette belle lucidité : "Ce qu'on nous fait suer avec toutes ces commémorations de l'Armistice, de la Résistance, des Fusillés de la Gestapo, des Maquisards, dans tout cela une jolie collection de bandits, de voleurs et d'assassins! Surtout que tous ces discoureurs au fond d'eux-mêmes s'en foutent!". Cher Paul, que diriez-vous de nos petites médiocrités publiées ici, petites rages, petites croyances... Tiens j'ai honte d'annoncer aux fidèles de Coming OuSt qu'ils vont lire

Le Thermomètre GOOD - OUST n° 42

ou comment  Pannafieu poursuit la quéquette du Rubicon

GOOD :

LE GROUPE SOCIALISTE AU PARLEMENT EUROPÉEN est à l’origine du lancement d’une campagne visant à diminuer la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) sur les préservatifs. Selon Jan Marionus Wiersma, la vice-président du groupe, « ramener la TVA sur les préservatifs au niveau minimum serait à la fois une mesure pratique dans la lutte contre le sida et un geste symbolique fort ». Une pétition a ainsi été mise en ligne. Son objectif ? Convaincre les pays de l’Union Européenne de baisser le taux de la TVA pour faire face à la montée du Sida en Europe. Le montant de la TVA est choisi librement par les 27 états membres de l’UE. Seule condition : un seuil minimum de 5%. C’est en Suède et au Danemark que la TVA sur les préservatifs bat tous les records : 25%. (Source : site Natura Vox). Rappelons au passage que l'hyper-président français qui est intervenu, depuis 6 mois, sur tous les sujets d'actualité, n'a jamais eu le moindre mot pour la recherche contre le Sida.

GILLES KLEIN s'amuse du peu d'impact sur nos neurones aiguisés de l'émission politique de Laurence Ferrarri sur Canal+. Il écrit sur son blog, Le Phare, cette phrase assassine mais somme toute fort incontestable : "Dimanche +, c’est un peu comme le gigot-flageolets dominical chez tante Thérèse : c’est ultra-classique, personne n’adore mais personne ne déteste non plus, et après on a un petit peu envie de dormir". Même Julie, qui a un faible pour les jolies filles, pense ça, c'est vous dire que Gilles a plutôt raison !

OUST :

LA FONDATION DE FRANCE diffuse des spots de pub sur les radios, actuellement, fondés sur une discrimination positive détestable. La première partie du spot fait entendre les raisons pour lesquels les citoyens pourraient avoir des réticences à "donner" (on entend une litanie de "je ne donne pas"), la seconde partie du message affirme : "vous avez raison de ne pas donner si...". Et d'installer l'image de la seule ONG capable de créer la confiance du public : la Fondation de France. C'est dérangeant, peu respectueux des acteurs citoyens qui se veulent des militants de causes justes, et, en ces temps d'affaire "Arche de Zoé", très contre-productif. Une erreur, en somme.

CHRISTOPHE CARIGNANO est sans doute un éminent blogueur mais pêche souvent par excès de confiance, par ce goût de l'absolution à cautèle que nombre de  chiraquiens utilisent encore pour exister. Sur son blog, il affirme  à propos des élections municipales parisiennes :  "J’avais quelques inquiétudes au cours des semaines passées quant à l’union de la droite lors des prochaines municipales à Paris, il semble que l’on s’oriente aujourd’hui vers l’annonce de têtes de liste équilibrées et qui tiennent compte des différentes sensibilités dans les vingt arrondissements. Il faut s’en féliciter". Soit. Soit, Christophe, mais cette union de façade, que cache-t-elle?  Rien moins qu'une page tournée, avant même qu'elle soit écrite, sur la participation vaine de Pannafieu. Une envie de se dire : bon, d'accord, on va participer pour perdre, et après on passera à autre chose... Un passage du Rubicon. D'ailleurs Carignano gomme le seul atout de la candidate UMP  puisqu'il la transforme en homme : il l'appelle François dans le titre de son billet. Bertrand, La Pannaf' a donc une petite quéquette... Tu es ravi, pas vrai?

Votre vulgaire petite amie...

Julie

Google, au boulot : Politique - Paris - Elections municipales 2008 - Pannafieu - couilles - UMP - Carrignano - Le Phare - Klein - Canal + - Ferrari - Dimanche + - Arche de Zoé - ONG - Fondation de France - discrimination positive - Europe - UE - Préservatifs - Sida - TVA - Natura Vox - Paul Léautaud

Comments

[David]

Connaissez-vous Alain Vasselle ? Non ? C'est un tort. Lui vous connaît bien et vous veut le plus grand bien. D'ailleurs, il se propose de veiller sur votre bien-être. Et pour commencer, de se pencher sur votre santé.

Dites donc, vous n'avez pas un peu grossi, vous ? Vous aimez bien tout ce qui est bon ? C'est très mauvais !
Vous succombez facilement devant une boisson sucrée ? Petits inconscients ! L'obésité vous guette, et votre comportement inconsidéré menace jusqu'aux comptes de la sécurité sociale ! Mesurez-vous le risque potentiel que votre insouciance fait courir à la sécurité sociale ? ... qui ne souffre pas d'obésité elle ! Croyez-vous pouvoir continuer à vous imbiber ainsi de boissons sucrées et autres liquides acidulés, tandis que la vieille dame famélique est en train d'agoniser ?

Voilà, en substance, la démonstration imparable présentée par M. Alain Vasselle, Sénateur UMP de l'Oise et Rapporteur de la Commission des Affaires sociales au Sénat, pour imaginer une nouvelle taxe.

En effet, M. Vasselle, que votre santé préoccupe au moins autant que celle de la sécurité sociale, vient d'introduire dans le Projet de Loi de Finances de la Sécurité Sociale (PLFSS), une proposition de taxe sur les boissons sucrées (pudiquement dénommée "taxe nutritionnelle"). Ce projet d'article additionnel est inséré ... pour la bonne cause évidemment ! Il s'agit de lutter contre l'obésité (sic) !

Ce projet d'article est ainsi motivé (sans rire) dans le Rapport présenté au Sénat :

"(…) l'intérêt d'une taxe nutritionnelle est double :

- taxer les produits les moins favorables à la santé, à l'image de ce qui existe déjà en matière de tabac ;
- fournir une recette à l'assurance maladie qui doit prendre en charge les surcoûts que lui impose la consommation de ces produits.

Le dispositif que votre commission vous suggère d'adopter prévoit :

- l'instauration d'une contribution sur les boissons sucrées à l'exception des eaux minérales aromatisées et des jus de fruits ;
- une contribution assise sur le prix de vente hors taxe des produits concernés au taux de 1 % ;
- l'intervention d'un décret pour déterminer les modalités de recouvrement de la contribution ;
- le versement du produit aux régimes obligatoires d'assurance maladie.

Dans un premier temps, votre commission vous propose une taxe sur les seuls sodas et boissons sucrés. Il conviendra sans doute de l'étendre par la suite à d'autres aliments présentant les mêmes défauts en termes nutritionnels comme, par exemple, les barres chocolatées, les biscuits, les céréales, bref, l'ensemble des produits alimentaires visés par la loi de santé publique du 9 août 2004."

Source : Rapport sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2008 : Examen des articles.
Adresse du document : http://www.senat.fr/rap/l07-072-6/l07-072-64.html

Les petits malins qui s'abstiennent d'ingurgiter des boissons sucrées mais qui s'empiffrent de chocolat, de biscuits et autres saloperies, ont compris à la lecture de ce texte que leur tour viendrait plus sûrement que l'acné aux adolescents.

Le seul fait de proposer une telle taxe devrait soulever l'indignation, au-delà des amateurs de boissons sucrées et autres sodas, de tous ceux qui sont attachés à la liberté, et qui sont excédés de voir lever un nouvel impôt au moindre prétexte de santé publique, d'œuvres caritatives ou de lubies environnementales. Evidemment, il est plus facile à M. Vasselle de faire les poches du contribuable ou du consommateur plutôt que d'engager les réformes structurelles dont le système social français a besoin.

Ajoutons que la cible visée par M. Vasselle est loin d'être la plus juteuse (si j'ose écrire !). Il aurait été plus efficace, dans le strict intérêt d'un retour rapide à l'équilibre des comptes de la sécurité sociale, de taxer des vices aussi répandus que la connerie. Encore que les promoteurs de ce type de mesures (dont je suis par le fait !) ne tiennent jamais à contribuer de trop à l'effort national, surtout lorsqu'il consiste à mettre la main au porte-monnaie.

Or justement, ne pourrait-on aussi taxer, sur leurs émoluments, tous les élus qui proposent de nouvelles taxes ? Il faudrait peut-être songer également à imposer les élus qui ne tiennent pas leurs promesses électorales ou qui font le contraire de ce qu'ils avaient annoncé à leurs électeurs à grands sons de trompe.

Les sénateurs, les députés, et tous les membres de ces innombrables cénacles qui font la "richesse" de la République pourraient, dans un élan vigoureux et spontané, consentir un sacrifice financier sur leur traitement, pour contribuer, au moins de manière symbolique, au remboursement de la dette sociale ! Il leur serait loisible d'intituler cette contribution : lutte contre l'obésité, solidarité avec les gros, pitié pour les chauves, aumône parlementaire ou taxe républicaine de secours social.

Vous le comprenez, je cherche à mon tour quelques pistes pour sauver la sécurité sociale, à laquelle je suis tellement attaché !

Oui, il faut sauver la sécurité sociale ! Mais pour cela, de grâce Vasselle, ne touche pas à mon soda, ni à mon chocolat !


David


P.S : Nous reparlerons de M. Vasselle qui est, décidément, un personnage fort intéressant … et qui a de la suite dans les idées !

[David]

Je n'ai qu'un mot à dire : bravo ! Cette citation de Léautaud (la fameuse citation du Tome III, p. 2034 de l'édition de 1986) est fort peu reprise par ses biographes, par ses commentateurs et même par ses zélateurs. C'est un honneur qu'elle le soit aujourd'hui chez Julie !

Je n'ajouterai rien, à part cette citation tirée du "Théâtre de Maurice Boissard" (Boissard étant le pseudonyme de Léautaud en tant que chroniqueur dramatique), qui éclaire si bien sa personnalité :

"Je n'ai de goût, d'attirance, que pour les frondeurs, les railleurs, les réfractaires."

Et celle-ci, extraite du Tome I de son Journal littéraire (p. 1305) : "J'ai une liberté d'esprit peu commune".

Comme Julie ? Comme Julie !