SONDAGES SARKOZY : LA MALEDICTION CHIRAC ?

Vous allez me croire obsessionnelle, mais il m'intéresse de voir comment se mesurent les effets d'image qu'un pouvoir peut émettre. Malgré les coups médiatiques et les annonces au galop, malgré la rupture et les attentes, la chute de confiance est là, et Sarkozy a du souci à se faire. Pourquoi puis-je affirmer cela? Parce que j'ai repris les courbes des 5 mandats précédents (Giscard / Mitterrand / Mitterrand / Chirac / Chirac) et que l'étude de la popularité perçue dans les sondages est souvent éclairante.

Sarkozy est dans le sillage de Chirac beaucoup plus que dans celui de la rupture stylistique type Giscard (1974) ou dans la rupture qu'on a cru idéologique de Mitterrand en 1981. Le président actuel déçoit vite, comme Chirac, mais, pire encore, il a le désavantage de créer le soupçon. Pour s'en convaincre, reprenons les chiffres déjà publiés et actualisés sur Coming ouSt (1). On voit que depuis le 19 décembre 2007, Sarkozy connaît des chiffres inquiétants (44 - 44 ou plus près de nous 49 - 49, avec un croisement de courbe - les opinions négatives plus fortes que les opinions positives le 10 janvier, soit à peu près 6 ou 7 mois après son élection). Pourquoi la référence à Chirac et non pas à Giscard ou à Mitterrand ? Voyons les résultats selon la source des études TNS - Sofres :

• Mandat Giscard d’Estaing (1974 – 1981) : le chef de l’état reste toujours très haut et met 4 ans pour faire se croiser sa courbe (47% de satisfaits / 49% de mécontents)
• 1^e mandat Mitterrand (1981 – 1988) : le chef de l’état mettra quasiment 3 ans pour que sa courbe se croise (46% contents / 50% mécontents).
• 2^nd mandat Mitterrand (1988 - 1995) : même phénomène (au bout de 3 ans croisement de courbe (48 % - 48 %), phénomène qui entraînera une chute considérable de sa popularité (au plus bas seulement 31% d’opinions favorables).
• 1^e mandat Chirac (1995- 2002) : le chef de l’état mettra 5 mois à faire se croiser sa courbe (41% de satisfaits / 57% de mécontents) !
• 2^e mandat Chirac (2002-2007) : même phénomène : en 5 mois, Chirac fait plus de mécontents que de satisfaits.

Bien sûr, il serait vain d'en conclure que les espoirs mis dans l'élection de Sarkozy et le style de l'actuel hôte de l'Elysée peuvent être proches de la mise en musique du pouvoir par Jacques Chirac. Ce dernier a déçu par une sorte de fermeture crispante (type Juppé) en 1995 et par une gestion plan-plan dès 2002, mal adaptée au choc de son second tour contre Le Pen. Mais l'ouverture et la rupture, à grands renforts de communication, ont balayé le passé en même temps qu'une  certaine idée de la dignité de la fonction. Bref, décevoir pour Sarkozy devait être la chose inattendue. Son activisme, ses réformes toutes menées de front, auraient du jouer en faveur de son image d'acteur responsable. Or, 7 mois pour dégringoler, c'est à peu près les 5 mois de Chirac. Alors que Giscard est resté un président populaire très longtemps (oui, on l'oublie) et que Mitterrand n'a connu des chutes considérables qu'à partir du fiasco de la période Cresson. J'ajoute, comme je le laissais entendre plus haut, que le soupçon accompagne l'action de Sarkozy: cette image brouillée est aussi due à la pipolisation de sa vie privée, très mal acceptée par le pays. Soupçon que s'organise une vie fastueuse ailleurs, ailleurs c'est-à-dire hors du cadre de sa fonction élective. La France n'est pas les Etats Unis...

Il est également à craindre que la chute soit durable : comme celle de Mitterrand dans les dernières années du second mandat, comme celle de Chirac à partir de 2003 ! Il serait vain de croire qu'un nouveau casting (un nouveau gouvernement) fonderait une nouvelle confiance alors que l'acteur qui joue  - et c'est un acteur qui joue seul ! - est petit à petit désavoué.

 Julie

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(1) Tableau des principales enquêtes :

dates	sondeurs	contents	mécontents	écart
27 mai	IFOP	65%	31%	34
26 août	IPSOS	61% ▼	30% ▼	31
21 septembre	IFOP	61% ▬	36% ▲	25
13 octobre	LH2	61% ▬	35% ▼	26
19 octobre	IFOP	59% ▼	39% ▲	20
24 octobre	CSA	56% ▼	38% ▼	18
25 octobre	BVA	55% ▼	37% ▼	18
26 octobre	TNS	53% ▼	42% ▲	11
9 novembre	LH2	54% ▲	40% ▼	13
21 novembre	TNS	49% ▼	49% ▲	0
15 décembre	IFOP	52% ▲	47% ▼	5
19 décembre	CSA	44% ▼	44% ▼	0
2 janvier	TNS	49 %▲	48% ▲	1
5 janvier	CSA	48% ▼	45% ▼	3
10 janvier	BVA	45% ▼	48% ▲	-3
11 janvier	IPSOS	49% ▲	49% ▲	0
18 janvier	IFOP	47% ▼	52% ▲	-5

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