UN PRENOM DE MAUVAIS GOUT
Depuis qu'une Carla a remplacé une Cécilia, les quolibets ont remplacé les chuchotements. Il faut dire que la Dame de l'Elysée traîne une réputation qui fait la joie des humoristes et qui, somme toute, tourne autour de son passé, un métier qui l'a montré nue à de très nombreuses reprises, une légèreté de moeurs fort lourde. Les bégueules trouvent qu'existe un hiatus entre ce passé et le présent présidentiel, moi, Julie, moi qui suis finalement assez bonne fille, je trouve qu'on a le droit de changer, d'avoir changé. Prenons acte. Changement de costume donc. Si Carla Bruni-Sarkozy peut endosser le rôle qui lui incombe, tant mieux. Mais pour l'instant, l'évocation du simple prénom de Carla fait un peu ricaner. Avec stupeur, j'ai entendu, il y a peu, un ami prof m'avouer que, dans les cours de récréation, on parle de Carla comme d'une p. pas encore très respectueuse ! Ces enfants savent-ils qu'ils parlent de l'épouse d'un président de la République, donc d'une image de la France? Si c'est le cas, désespérons Billancourt ! Si c'est le cas, c'est que son mari est une version masculine de leur mépris insultant !
Carla est aussi le nom d'une poule. Au salon de l'agriculture, on a offert à François Fillon (compromis Premier Ministre), une poule qui porte ce prénom : l'éleveur de Loué affirme, rigolard : "J'espère qu'elle se plaira dans les jardins de Matignon. Elle pond six oeufs par semaine mais je ne sais pas si elle chante juste". La presse, devenue depuis peu chansonnière de l'équipée présidentielle, rigole elle aussi. Une rigolade qui satisfait peu le caractère austère des équipes de François Fillon. En effet, un porte-parole du premier ministre donne, vendredi matin, des nouvelles de la dernière arrivée à Matignon : "C'est un cadeau de mauvais goût mais on va essayer de la traiter avec tact en la confiant à des amis agriculteurs dans la Sarthe."
On aura compris, le mauvais goût n'est pas qu'on offre une poule au Premier Ministre, le manque de goût est qu'elle se prénomme Carla. Qu'on franchisse sans vergogne les limites que franchit Sarkozy lui-même (casse-toi, pauvre con) en se moquant ouvertement du couple élyséen. Carla. Une poule. Pouffons. Mais pouffons en sachant qu'il s'agit d'une faute de goût.
Bien sûr, personne à Matignon ne songe à penser qu'insulter un citoyen français est un dérapage qui mériterait cette condamnation. La faute de goût est bonne pour le volatile, pour l'éleveur qui l'a baptisé, pas pour un chef de l'état qui se laisse dominer par une hargne vulgaire et imbécile !
Sans doute, Carla la poule vivra dans les prés de la Sarthe. L'autre poule, la Carla qui fait rire le monde parce qu'elle a eu la malchance de s'aventurer dans une histoire amoureuse dont l'iceberg est encore symbolisé par une paire de fesses, essaie d'échapper à sa basse-cour initiale. On a le droit de changer, d'avoir changé. Prenons acte. Oui, prenons acte. Mais en psychologie, un vieux concept que j'aime souvent ressortir de la poussière, affirme que, comme une lune, chaque être humain trimballe son "effet de halo". Carla, la nudité, la légèreté, la sexualité, les oeufs de la poule...
Et pourtant, je souhaite tant, moi, bonne fille, Julie généreuse et si peu chipie, que les petites filles de 5 ans ou de 8 ans qui se prénomment Carla ne se disent pas que c'est la honte. Dans les cours de récréation, les hommes sont cruels. Les hommes oui. Les mâles qui ont tôt fait de réduire les gonzesses à des objets de parade... Respectons ces petites filles !
Julie
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