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15 juin 2007

DE L'EFFET PERVERS EN POLITIQUE

Je reste persuadée que nos hommes politiques agissent par recette au lieu de questionner leur imagination, qu'ils sont plus idéologues que pragmatiques, et c'est souvent ce qui fait capoter l'idée. Bien sûr, dans les cabinets ministériels, on doit étudier avec soin les effets pervers de telle ou telle réforme. Mais qui tient véritablement compte des contournements humains de ces belles mécaniques mises en oeuvre? Je veux ici, dans un premier temps, relater ce qui peut se passer dans la tête de certains salariés à propos de la loi sur les heures supplémentaires défiscalisées qui se profile. J'entends en effet dire, un peu partout, par des professionnels sérieux qui n'auront pas droit à ces heures qui les intéressent : désormais, il n'est pas question d'en faire plus gratuitement ! On pourra toujours essayer de me dire qu'il faut rester après 19h, il ne sera pas question de travailler plus sans gain! Ce que ces gens-là faisaient volontiers avant, sans la carotte sarkozyste. Un effet pervers inattendu, ... et très humain.

Un autre exemple, plus sérieux, éclaire une réforme que le Premier Ministre n'a sans doute pas oublié. Cette analyse est due à Pierre Larrouturou. Il écrit ceci :

M. Fillon se présente toujours comme l’homme-qui-a-réussi-la-réforme-des retraites. Est-ce bien vrai ? L’objectif principal de la réforme Fillon était d’allonger la durée de cotisation des salariés. Quatre ans après le vote de la loi, une étude de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse montre que jamais on n’est parti aussi tôt en retraite ! Alors que les salariés partaient en moyenne à 62,1 ans en 2001, l’âge moyen de départ s’est abaissé à moins de 61 ans en 2006. Une évolution diamétralement opposée à l’objectif de la réforme. Par peur des réformes annoncées pour 2008, un très grand nombre de salariés partent en retraite dès qu’ils ont 60 ans, quitte à subir une décote s’ils n’ont pas cotisé suffisamment longtemps. Les caisses de retraite, qui étaient à l’équilibre en 2002 et devaient le rester jusqu’en 2008, ont déjà accumulé un déficit supérieur à 7 milliards d’euros! Certains parlent d’échec; d’autres, de fiasco. Mais François Fillon se présente toujours comme l’homme-qui-a-réussi-la-réforme-des-retraites… De deux choses l’une: soit François Fillon se désintéresse complètement de l’avenir des retraites, soit il connaît le bilan fait par la Cnav et il ment comme un arracheur de dents“.

Il n'est pas si difficile de mesurer les effets pervers d'une loi ou d'une approche politique. Il suffit de faire un peu de psychologie. D'utiliser des grilles adéquates mais surtout de n'être jamais coupé du terrain qui produit les contournemnts liés à la peur, au mépris, aux concurrences de reconnaissance, aux signes charnels (si je puis me permettre cette expression) de la politique. Seulement, au chaud dans leurs ministères, les dirigeants ont avec la chair un rapport parfois bien dégoûté.

insolite_218 Julie

Google, au boulot : Politique - les effets pervers des réformes - François Fillon - Pierre Larrouturou - Travailler plus pour gagner plus - Retraites - CNAV

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