MICHEL CHARASSE : RHETORIQUE DU TROTTOIR ET DU BASSIN

Michel Charasse, ça vous dit quelque chose? Il a été ministre socialiste sous Mitterrand et fut immédiatement mitterrandolâtre. Il est aussi, depuis une éternité, un sénateur qui travaille mollement. Il se trouve qu'il y a quelques années, lors d'une séance au Sénat, j'ai vu cet homme à l'œuvre ; il ne tenait pas en place, il cherchait sans cesse à bavarder comme un mauvais élève de 3e plutôt que se montrer constructif. Un sorte de coq de village enflé, goguenard et paresseux. Bon, il en a le droit, au nom du train de sénateur qu'il symbolisait ce jour-là fort bien... Or voilatipa que ce Charasse-là vient d'être exclu du PS pour ne pas avoir tenu compte de la discipline du parti. Un épisode inintéressant en soi. Sauf que l'interview de Charasse, recueillie après cette décision-sanction, est amusante sur le plan rhétorique. Comme pour toutes les claques dans la gueule, le sujet...

1. se montre très détaché de la sanction qui l'atteint.
2. crache sur l'organe qui le sanctionne.
3. affirme que c'était mieux avant (du temps ou il était aux affaires)

Je reproduis un extrait d'interview :

Dans quel état d'esprit êtes-vous après votre exclusion du PS?
Très zen. Pour moi comme pour beaucoup de Français, il y a un certain temps que le niveau du PS ne dépasse pas celui des trottoirs municipaux, sujet sur lequel il faut reconnaître que les socialistes sont très bons!
Qu'entendez-vous par un «certain temps» ? 
Le PS s'est étiolé petit à petit jusqu'à la déchirure brutale de l'échec de Lionel Jospin, en 2002. C'est comme un bassin qui se vide: contrairement à ce qui se passait sous François Mitterrand, nous ne parlons plus aux Français pour leur dire la véraité, mais pour distraire les médias.

(source : Le Figaro)

Le trottoir et le bassin. Figures de l'eau, de la stagnation, de la boue, de la fange. Charasse se dit très zen mais ne sait pas ce qu'est l'élévation. Le pauvre homme habite son regard et son regard va bien bas. Certes, on peut rire de l'état du PS, de ses déchirures, de son vide artistique. Mais quel manque de classe de patauger dans cette critique de has been et d'essayer d'exister encore... par les médias ! Allez, Charasse, tais-toi et nage...

 Julie

Google, au boulot : Politique - Parti Socialiste -Michel Charasse exclu du PS - rhétorique - Mitterrand - mitterrandolâtre

Comments

[David]

Julie, vous connaissant un peu et connaissant Michel Charasse, je suis persuadé que si vous vous connaissiez, vous vous aimeriez beaucoup.

Car si l'on compare vos caractères, ... les points communs se ramassent à la pelle !

David

P.S : Bravo pour la citation de Chamfort, lequel, comme vous le savez, était une des références littéraires chères à Paul Léautaud.
Je vous livre aussi cette réflexion de Chamfort, qui me paraît convenir à la circonstance :
"Un homme d'esprit est perdu s'il ne joint pas à l'esprit l'énergie de caractère. Quand on a la lanterne de Diogène, il faut avoir son bâton."

[julie]

Ouh là, David pas content ! Comme quoi la politique est souvent affaire de ressenti personnel ("avoir affaire à lui par le passé"). Comme l'écrit Chamfort : dans les grandes choses, les hommes se montrent comme comme il leur convient de se montrer, dans les petites, ils se montrent comme ils sont !
Et vive le PS (je rigole, oh, eh, y'a plus moyen de rigoler ici?)

[David]

Michel Charasse n'a pas été disgracié. Il a refusé de se plier aux petites combinaisons que lui proposait son parti politique. Il est resté fidèle à sa position et à ses convictions, en rejoignant une autre formation politique. Où est le drame ? Où est l'ignominie ? Que Charasse dise très haut ce qu'il pense (et ce que d'autres pensent) ? Au temps de l'hypocrisie et de la langue de bois, je trouve cela plutôt revigorant.

Michel Charasse n'est pas le personnage que vous décrivez. Il se trouve que j'ai eu affaire à lui par le passé, et je puis affirmer que si beaucoup d'hommes politiques avaient autant de relief que lui, la vie politique serait non seulement moins terne, mais le débat serait également plus fructueux. Charasse a des convictions fortes qu'il défend avec honneur et droiture. Il est très respectueux de ceux qui ne pensent pas comme lui. Il est même capable de les considérer comme des amis. Le Parti socialiste aurait sans doute besoin d'hommes de sa qualité, plutôt que de collectionner des baronnets insipides, dont l'ambition est le seul moteur.

En tout cas, s'il est aussi critiquable que vous le dites, vous devriez vous réjouir de son départ du PS, plutôt que d'étaler ces mots acides à son endroit.


David

[julie]

A Sylvain et à Luc,
Oui, je sais, j'ai la critique facile et l'état du PS est lamentable. Enfin, disons, aussi lamentable que l'état de l'UMP qui aurait du fleurir de toutes ses fleurs après l'archi-victoire du victorieux en chef. Que Charasse ait raison ou tort, peu importe, car qui se soucie de l'opinion de cet éléphant-ci? Ce qui m'amusait était de décrire les petites médiocrités d'un être disgracié. Somme toute, Poivre d'Arvor qui clame que la violence a présidé à son éviction de TF1 est du même acabit. Se taire, quand on fait partie d'un réseau d'opinion, est une vertu peu partagée...

[Luc]

Que Charasse soit un triste sire, nous en sommes d'accord. Mais il arrive qu'un triste sire vise juste (nul ne peut avoir tort en permanence). Et quand il dit "nous ne parlons plus aux Français pour leur dire la vérité, mais pour distraire les médias", il a parfaitement raison... à ceci près que je ne suis pas certain qu'il disait la vérité du vivant de Mitterrand non plus. Du moins fut-il un temps où le P.S. tenait un langage politique. On en est maintenant à des délires d'Aurélie Filipetti et de Royal à propos d'un jugement lillois que ni l'une ni l'autre n'ont probablement lu (et si elle l'ont lu elle ne l'ont pas compris), juste pour surfer sur une vaguelette de l'opinion.