Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
coming ouSt
13 juin 2008

LE NON IRLANDAIS EST-IL UN NON A L'EUROPE ?

"Je suis effondré" déclare ce soir le secrétaire d'état français aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet. Le non du seul pays européen qui devait obligatoirement voter - dispositif constitutionnel interne à ce pays de 4 millions d'habitants - pour le redémarrage politique de l'UE, est une claque magistrale, une seconde claque magistrale, au système technocratique qui prévaut à Bruxelles. Le Plan B version 2008, largement influencé par la personnalité de Sarkozy, auto-proclamé sauveur de l'Europe, dit aussi "traité simplifié", dit aussi traité de Lisbonne, est mort.
Les raisons de ce vote sanction sont, à vrai dire, les mêmes que celles du non français naguère : une défiance vis-à-vis du politique, une absence totale de pédagogie, la porte ouverte aux fantasmes nationaux de tous ordre. Bref, les irlandais ont voté en âme et conscience, il serait malséant de leur jeter la pierre qui devait construire l'édifice !
Et maintenant? On trouvera sûrement le moyen en haut lieu de ne pas se ridiculiser et de faire comme si de rien n'était. Bah, murmure-t-on dans les milieux autorisés, on négociera avec les irlandais de nation à organisation supra-nationale... Parfait ! On bafouera donc le vote d'aujourd'hui. Les petits arrangements entre amis vont sans vergogne commencer ce soir...
Quel gâchis, pourtant, quand on pense à la manière fédéraliste dont tout cela aurait pu se passer. Nos états manquent de couilles, et s'enferrent dans des textes technocratiques qui les rassurent. Il me souvient que Daniel Cohn-Bendit avait eu la meilleure idée politique sur ce dossier en déclarant, au moment du "non" français : Mais pourquoi n'avons-nous pas eu le courage de créer un référendum purement européen, un référendum de tous les états membres, le même jour, dont le dépouillement aurait dépassé les clivages nationaux et auraient donné une majorité européenne au texte de Giscard? Le même jour. Le même texte soumis au vote. Un dépouillement à l'échelle de l'Europe. Une majorité à cette même échelle. Une excellente perspective, en effet. Personne n'a écouté Cohn-Bendit, trop fédéraliste sans doute, trop avant-gardiste sans doute. On a préféré croire que le petit Sarkozy, avec sa fougue jouée, se plaçant au-dessus d'une Merkel plus diplomate et plus vertueuse, allait impulser à lui seul la nouvelle Europe de demain. Echec, triste échec, un échec de plus pour la diplomatie d'une France qui ferait mieux de se la jouer (de se la jouyet) modeste devant ce cataclysme. Heureux européens, vous avez la chance de dire non, mais c'est au détriment de votre existence !
Allez, une conclusion pour répondre à ma question : je ne pense pas que la réactivité irlandaise soit une claque à l'Europe, mais elle montre de toute évidence qu'on fait mal l'Europe ou mieux qu'on ne la fait pas assez ! CQFD ?

insolite_218 Julie

Google, au boulot : Europe - Le non irlandais - Nicolas Sarkozy - Angela Merkel - Daniel Cohn-Bendit - Jean-Peirre Jouyet effondré

Publicité
Commentaires
D
Cette idée d'Europe spontanée est un leurre tenace, qui repose sur une perception incomplète des échanges contemporains. Car, en effet, les échanges "culturels" spontanés au sein de l'Europe ne se résument pas aujourd'hui à des échanges intra-européens. Les mouvements migratoires viennent balayer cette idée et, à brève échéance, remettront en cause les équilibres "culturels", hérités de l'Histoire et que vous croyez définitivement acquis. Les contours culturels de l'Europe à venir ne constitueront pas ce facteur d'homogénéité sur lequel repose la théorie de l'Europe spontanée.<br /> <br /> Il existe sans doute aujourd'hui plus d'échanges entre la France et les pays du Maghreb, qu'entre la France et l'Allemagne (le projet Euro Méditerranée repose d'ailleurs en partie sur ces réalités).<br /> <br /> De plus, nos contemporains n'ont rien inventé. Les échanges intra-européens dont vous parlez existaient déjà au XVIIIème siècle (à la Cour de France, de Prusse ou de Russie). Oserai-je dire qu'ils étaient plus denses et plus féconds sur le plan intellectuel que les batifolages post-pubères des étudiants "Erasmus" ? Je songe en particulier à Voltaire, mais plus encore à Maupertuis ou à La Mettrie à la Cour de Frédéric le Grand. Mieux, les récits de voyage à travers l'Europe de simples particuliers constituent déjà une part importante de la littérature de voyage du XVIIème siècle (ceux de Guy Patin notamment). Julie, qui raffole de la littérature de voyage, surtout si elle est minutieuse, ne me démentira pas. A dix ans, la Julie s'enthousiasmait déjà pour le récit du voyage M. de La Condamine près de l'Equateur, où ce scientifique établit précisément des calculs de méridien. Elle lut et relut avec passion (jusqu'à l'âge de 13 ans) le fameux "Journal du voyage fait à l'Equateur et servant d'introduction historique à la mesure des trois premiers degrés du méridien". Ses parents tentèrent de lui arracher ou de lui cacher cet ouvrage, par crainte qu'il n'échauffe par trop son esprit déjà bouillonnant de nature. En vain …<br /> <br /> Et je n'évoquerai pas là les correspondances intellectuelles et scientifiques, qui furent également des échanges fructueux à l'échelle européenne (Bossuet/Leibnitz, par exemple).<br /> <br /> J'ajouterai qu'avant la Révolution française, il pouvait exister une véritable communion intellectuelle et culturelle à l'échelle de l'Europe (j'y intègre la Russie). Cette communion ne reposait pas seulement sur des transports, des échanges de marchandise ou des voyages de particuliers. Les Etats d'Europe voulaient s'imiter, se copier et donc s'identifier l'un à l'autre. Cette émulation et les passerelles qu'elle jeta entre les Etats, renforça une certaine homogénéité culturelle entre ces Etats. Les guerres qui succédèrent à la Révolution, puis l'épopée napoléonienne jetèrent les germes des idées nationales qui devinrent des clivages irréductibles entre les nations d'Europe. Ces identités (dont la dimension n'était pas seulement politique mais aussi culturelle) s'exacerbèrent en réaction à l'adversaire (en Espagne et en Allemagne en particulier, mais aussi de manière différente en Italie). <br /> <br /> Pour autant, disais-je, une Europe "culturelle", à supposer qu'elle ne relève pas aujourd'hui d'une fiction, ne serait évidemment pas suffisante pour constituer une Europe politique. Des échanges culturels étroits entre les pays d'Europe existent depuis des siècles, pour autant, une entité politique est-elle née spontanément de cette réalité ? Il a fallu que des théoriciens politiques diffusent des théories plus ou moins claires pour que ce projet politique voit le jour dans les années 50, à partir d'approches purement mercantiles (et non identitaires).<br /> <br /> Si l'on va plus loin, dire qu'il existe une "culture européenne" aujourd'hui est une pure vue de l'esprit. Il existe peut-être une culture occidentale (héritée de l'Histoire …. à bas les horizontaux !!!!!!!!!), mais nous la partageons avec d'autres continents qui n'ont rien d'européens (les Etats-Unis d'Amérique, le Canada, l'Australie et la Nouvelle Zélande, certains pays d'Amérique du Sud, etc.). Le terme "culture" est lui-même impropre et il conviendrait mieux de parler de civilisation. Car enfin, si l'on veut bien s'extraire de la gentille vision "erasmus" et "Euronews" de l'Europe, qu'y a-t-il de commun traditionnellement entre la "culture" espagnole et la "culture" allemande ou britannique ? Ajoutons que cette vision vieillotte de la "culture européenne" (héritée des thèses européistes des années 50 et 60) fait fi de l'américanisation de la culture occidentale qui a changé la face de celle-ci au cours des 30 dernières années (soaps/coca/music). Or, c'est précisément cette influence américaine qui rapproche aujourd'hui ces "cultures" très distinctes. De ce fait, l'Europe n'a plus de spécificité "culturelle" qui justifie son homogénéité et sa singularité. En effet, qu'est ce qui constitue aujourd'hui la spécificité culturelle de l'Europe et quelles sont les bornes géographiques de cette homogénéité ? Merci de m'éclairer sur ces points en tenant compte des évolutions qui sont en train de se produire sur ce continent à la suite des mouvements migratoires qui ne cesseront pas (en dépit des contorsions statistiques de M. Hortefeux et consorts).<br /> <br /> Enfin, je pense qu'il ne faut pas confondre culture et tourisme. A ce propos, je conseille l'excellent ouvrage que vient de publier Renaud Camus chez Fayard, sous le titre suivant : "La grande déculturation". Camus remet ici quelques idées à l'endroit en ce qui concerne la culture et sa massification.<br /> <br /> <br /> David
L
Je pense que je me fous du « non » irlandais au referendum, comme je me suis foutu de celui de la France ou du oui des Lords britanniques. Je m’en fous, parce que cela a à voir avec tout, sauf avec l’Europe. Ça a à voir avec les anti-Sarko, les pro-alter, le ¼ d’heure de gloire des « rebel without a cause », la baisse du pouvoir d’achat et du moral des ménages français… Aaaaaaaaaah, le coq gaulois est de retour ! Voyez vous, j’aime ma Culture, mais j’ai souvent mal à ma Nation (mais il parait que ça se soigne !).<br /> Je ne suis pas bien sûre d’avoir perçu les enjeux de la constitution européenne (et pourtant c’est pas faute d’avoir ouvert grand mes oreilles à la présentation du texte par Giscard en direct, devant moi, là , sous mes yeux…), ni ceux du traité de Lisbonne, et je crains de ne pas plus comprendre ceux des futurs plans C, D, E…et c’est ça le problème. L’ « Europe institutionnelle » et son cortège de polémiques, est d’un chiant… « L’Europe est complexe, obscure, loin… », why not…et en même temps, c’est marrant, j’ai pas l’impression d’être super proche de la prise décision qui a amené Kadhafi à Paris, qui a réintégré la France à l’OTAN, bien que je sois dans un tout petit pays qui parle ma langue maternelle et qui élit son hyper Président au suffrage universel. L’Europe institutionnelle est un lieu de pouvoir prétentieux et terne et elle le sera tant qu’elle n’arrivera pas à être davantage que la somme des Etats qui la compose. Pourtant l’Europe institutionnelle, celle des Traités, a fait de beaux enfants (car, oui l’Europe institutionnelle se reproduit toute seule, comme une grande) qui ne lui ressemblent pas beaucoup…c’est la revue de presse internationale d’Alex Taylor, c’est les concours scolaires gagnés qui vous amène en Espagne pour une semaine, c’est le sentiment d’être à Berlin tout à fait chez soi et tout à fait ailleurs sans parler un mot d’allemand, c’est l’Euro (ben oui, moi j’aime bien l’euro). Tout ça ne fait pas une Nation, mais ça fait peut-être déjà une Culture… Tout ça n’est pas très carré ni très rationnel, et n’a rien d’un plan B ou C, ou D…mais j’ai quand même l’impression que c’est le début de quelque chose de beaucoup plus exaltant et prometteur que les quotas de pêche au thon ou la PAC. Si La France est belle, l’Europe est magnifique.
P
Dans cette histoire, la question de l' "Europe" devient subsidiaire... L'Europe, elle se fera cahin-caha. Il s'agit en fait de savoir aujourd'hui si la procédure référendaire est viable ou non... Et c'est là que se pose la question essentielle. L'Europe est-elle celle des peuples ou celle de ceux qui la gouvernent... Y a un hiatus ! <br /> <br /> Et ça, ça les fait chier... C'est pourquoi le référendum est en danger... Le suffrage direct ne les intéresse que pour se faire élire. Après, basta ! au rayon des accessoires...<br /> Ne rêvez pas, ces gens travaillent à temps plein pour réduire nos droits... Ils se trouvent même,<br /> par des gens mal informés, élus pour ça... <br /> La démocratie en danger ? <br /> Mais oui... bien sûr! Cessez de rêver ! <br /> .
E
A l'irlande l'autre pays des altermondialistes.<br /> Merci à eux de nous avoir vengés de l'autre petit nerveux.<br /> <br /> Quant à lui, il n'a plus qu'à se foutre en slip:<br /> http://cpolitic.files.wordpress.com/2008/06/yesforeuropeman.jpg<br /> <br /> Pas sûr que ça marche auprès de la gente masculine.
D
Il faudrait certainement qu'on en revienne à certains fondamentaux, à certaines explications qui jusqu'alors n'ont été fournies que derrière un écran de fumée. <br /> <br /> On nous répète à l'envi que l'Europe, c'est bien et que c'est l'avenir. Moi, qui ne suis pas particulièrement curieux de ces choses, j'en viens à m'interroger. Pourquoi est-ce bien, pourquoi est-ce mieux ? Qu'est ce qui sera bien ou mieux ? Quant à l'avenir, personne ne pouvant le lire à l'avance (et les dirigeants français moins que les autres), cette affirmation me laisse perplexe, et je la considère comme sotte et inopérante.<br /> <br /> L'Europe pour quoi faire et avec qui ? Pourquoi a-t-on l'impression que ce projet n'est jamais défini clairement ni limité sur le plan géographique : aujourd'hui la Turquie, demain Israël, etc. Merci de m'épargner les sottises habituelles du type : l'Europe c'est la paix, l'entente entre les nations, etc. Ce sont généralement des arguments qui me soulèvent l'estomac et qui annoncent le prochain conflit armé.<br /> <br /> Pourquoi les Etats devraient-ils se dessaisir de leur souveraineté ? Pourquoi éloigner des citoyens les centres de décision majeur en matière de relations internationales : diplomatie et défense ? Très bien pour le fédéralisme, mais alors il ne restera aux pouvoirs locaux que quelques minuscules attributions : distribution de subventions autorisées par le pouvoir central et gestion courante (selon les règles fiscales, financières et économiques arrêtées à Europolis). <br /> <br /> Si le projet européen est tellement diffus, brumeux et si ses contours sont si imprécis, c'est peut-être qu'il n'est qu'une étape. A ce propos, la lecture de Coudenhove-Kalergi est édifiante. Au-delà, c'est le gouvernement mondial auquel travaille organisations officielles et officines depuis des décennies. Que ces organisations massificatrices soient des gages de paix et de stabilité entre les hommes, rien n'est plus faux. Car nous passerions alors de conflits bilatéraux ou multilatéraux à des luttes à moindre échelle (groupes humains, tribus, fidèles de religions ou de sectes locales) tout aussi meurtrières et plus difficilement maîtrisables. La perspective d'une citoyenneté mondiale fait naturellement rêver les gauchistes à tête de linotte et assimilés, qui pensent que cette solution effacera toutes différences, ceux-ci estimant que ces différences sont sources de conflits. Or, l'homme sera toujours l'homme. Il se battra toujours pour ses convictions, avec l'espoir de les inoculer à son voisin, de les imposer par la force ou, comme c'est le cas aujourd'hui, en subjuguant les masses à l'aide de puissants moyens de communication. Les dirigeants ou les penseurs qui se prétendent humanistes (en faisant glisser la signification classique que l'on donnait à ce terme pour le ravaler à des lubies bêtement égalitaristes) n'aiment pas l'homme tel qu'il est, mais tel qu'ils voudraient qu'il soit : l'homme des livres comme disait le XVIIIème siècle.<br /> L'utopie est un illuminisme meurtrier aussi dangereux que le fanatisme religieux. Il fonctionne selon les mêmes ressorts. L'anti-utopiste est "anathémisé", comme blasphémateur. Il est considéré comme un insulteur et une menace contre le souverain bien, comme l'hérétique l'était vis-à-vis de l'orthodoxie et du dogme. <br /> <br /> Enfin, l'Europe sous quelle influence ? L'Europe peut-elle être suffisamment unie pour parler d'une seule voix et ne pas subir l'influence des Etats-Unis d'Amérique ? Au stade du morcellement actuel de l'Europe, est-il raisonnable pour un peuple d'abandonner sa diplomatie et sa défense à un pouvoir central dont nul ne peut dire (et lui moins qu'un autre) ce qu'il en fera ? Quelles garanties peut avoir ce peuple ? Car réfléchissons un instant : il transfère des pouvoirs régaliens d'une entité qu'il maîtrise par l'élection de ses dirigeants, à une entité multiforme sur laquelle il n'a aucune prise démocratique. Le peuple qui s'y risquerait serait considéré comme stupide ou fou. Les Irlandais ne sont donc ni stupides ni fous.<br /> <br /> David
coming ouSt
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité